Berlin et Vienne dressées contre l'Ouest

Divisions européennes sur la bombe iranienne

Matthias Küntzel

Le 3 janvier 2008

Depuis la fin août, le président français Nicolas Sarkozy nous a fait entrer dans une nouvelle phase de négations diplomatiques au sujet du dossier nucléaire iranien en appelant à de plus fortes sanctions contre l’ iran.
Devant l’événement qui prouvait l’incapacité du Conseil de sécurité de l’ONU a entrer en action, Sarkozy a demandé que les européens entrent en action par eux-mêmes : unilatéralement. C’est seulement en appliquant une pression économique massive, argumenta Sarkozy, qu’une « alternative catastrophique » pourrait être évité : « et la bombe iranienne et le bombardement de l’ iran ». Dans le même temps, Sarkozy fit pression sur les compagnies d’ énergies, Total et Gaz de France pour abandonner de nouveaux investissements en iran, et il appela aussi les banques françaises à geler leur échanges avec l’iran.

La politique proposée par Sarkozy est en fait la seule option non-militaire valable. S’il existe un quelconque pouvoir mondial qui est en position de forcer un changement dans la politique iranienne sans utiliser la force militaire, alors c’est l’Union européenne. Les Etats Unis ne sont pas en position de le faire, depuis que les USA n’ont déjà plus de relations avec l’ iran. La Chine, le Japon et la Russie ne sont pas en position de le faire non plus, parce que l’ iran peut vivre sans leur échange. Seule l’ Europe est indispensable au régime ( criminel ) des mullah. 40°/° des importations iraniennes viennent de l’ Union européenne. 25 °/° des exportations iraniennes arrivent en Union européenne. Pendant que pour le Japon et la Chine, l’iran est le principal fournisseur d’énergie, les investissements et les importations qui gardent l’économie iranienne en activité, viennent principalement d’ Allemagne, de Grande Bretagne, d’ Italie, d’ Autriche et de France. L’ Allemagne était et reste le partenaire numéro UN de l’iran. Le directeur de la chambre de commerce irano-allemande de téhéran, Michael Tockuss, porta attention à l’ importance de l’ Allemagne pour l’iran quand il nota ( dans un interview au magazine allemand Focus) que, « environ 2/3 de l’ industrie iranienne est essentiellement équipée avec des plans et machineries des usines allemandes. Les iraniens sont très fortement dépendant des allemands en pièces de rechanges et fournitures. »

« Très fortement dépendant » : l’efficacité potentielle des sanctions économiques pourraient être encore plus durement accentuées . Une étude réalisée fin 2006 par le parlement iranien confirme cette accentuation : sans les produits et les pièces de rechange européennes, l’économie iranienne serait paralysée en quelques mois.

Nous sommes maintenant dans une course contre la montre. Qui prouvera sa rapidité ? les ingénieurs constructeurs des centrifugeuses en iran , où les propositions de toutes les sanctions européennes ? Cela dépend, bien sûr, de l’ unité des états membres de l’ Union européenne. L’ initiative de Sarkozy voudrait établir les mêmes conditions pour les compagnies dans tous les pays européens. Comment, alors, les autres ont-ils réagi à cette proposition ?

A New York, à l’ ouverture de l’ Assemblée générale du mois dernier, le chancelier autrichien Alfred Gusenbauer a formulé clairement sa réponse. Se référant au projet de pipeline Nabucco qui pourrait éventuellement transporter le gaz iranien en Europe, Gusenbauer affirma : « nous allons faire Nabucco dans tous les cas. » Pendant que la Grande Bretagne et les Pays Bas reportaient leur support à la proposition française, l’ Allemagne et l’ Autriche, comme aussi l’ Italie ( d’après le journal italien La Républicca) l’ont rejetée.
Les efforts français pour l’ emporter sur le coté allemand ont été lancés très loin sans succès. D’après un rapport du 13 septembre dans le journal français Le monde, l a chancelière Angela Merkel était supposée soutenir la proposition de Sarkozy, mais a expliqué les hésitations allemandes en se référant à la coalition de ses partenaires sociaux-démocrates.

Mais quelle alternative Frank-Walter Steinmeier, le ministre des affaires, allemand social démocrate, a-t-il offert ?
La réponse est claire. Pendant que la France, la Grande Bretagne, et les USA veulent user de sanctions pour prévenir l’ enrichissement iranien d’ uranium à un niveau industriel, l’ Allemagne, l’ Autriche et la Russie sont préparées maintenant a accepter des facilités pour le nucléaire iranien aussi longtemps qu’ils seront placés sous la supervision de l’ Agence internationale pour l’ énergie atomique (IAEA). Ils ont suivis effectivement la stratégie poursuivie par le conseil de sécurité de l’ ONU, qui désire stopper l’iran d’une acquisition potentielle de fabriques de bombe, sans cependant les interdire. A la fin juin, le régime iranien pris avec joie cette contre proposition, proférée par le directeur de l’ IAEA (général El Baradei) : l’iran était d’accord pour négocier avec l’ IAEA sur les modalités qui proposaient un contrôle jusqu’à ce que le Conseil de sécurité passe à de nouvelles résolutions de sanctions. Le réel objectif de cet accord pouvait déjà être relevé dans le titre du document IAEA 711 (daté du 27 août ) : « Les accords de la république islamiste d’iran et de l’ IAEA, sur les modalités de résolution des sorties de désaccord. » L’esprit de complicité animant ces champions européens, toutefois, était très bien exprimé par Caspar Einem, porte parole de la politique étrangère du parti social autrichien, quand il a récemment observé que « cela doit être pris en compte que les iraniens disent qu’ils n’ont pas l’ intention de construire une bombe atomique, et doit être pensé sérieusement. »

Teheran peut être hautement satisfait de ce deal. Chaque état peut refuser l’accès des inspecteurs de l’ IAEA de sélectionner leurs facilités et peut leur refuser d’entrer dans le pays aussi : l’ IAEA ne dispose pas de capacités militaires et est entièrement dépendante de la coopération des états placés sous sa supervision. La contre proposition entraîne de manière tacite une acceptation de l’ option nucléaire iranienne. L’ iran n’aura pas immédiatement la bombe, mais il est permis de posséder la technologie requise pour en produire une.
En effet, la position de Steinmeier et Gusenbauer represente la capitulation au régime iranien : une capitulation qui, pour garder la face se couvre par une demande de contrôle de l’ IAEA.

Avec l’ acquisition de technologies requises pour produire la bombe, l’iran aura déjà avancé loin dans la réalisation d’une de ces principales armes. D’après un sondage sur l’ opinion publique, si ( le criminel)
Ahmadinejad obtenait la technique pré-requise pour la bombe, 27 °/° des israéliens quitteraient Israël. (je doute)

La division de l’ Europe sur la question du nucléaire iranien est arrivée le 21 septembre.
Ce jour-là, les 5 membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ ONU, plus les allemands, ont discuté de comment le Conseil de Sécurité doit se prononcer sur ce cas. Après que l’ iran ait ignoré la première des deux résolutions de sanctions, une troisième, du même régime de sanctions, était à l’ agenda.
Pour la première fois, l’ Allemagne brisa le consensus transatlantique.
Pendant que les USA, la Grande Bretagne et la France appuyaient pour une troisième sanction et d’autres encore, le « francort Allgemeine Zeitung » (FAZ) écrivait, « l’ Allemagne rejette cette proposition », qui ne prend pas en charge le programme d’enrichissement d’uranium de l’iran, mais qui tend à le suspendre.
D’après le FAZ du 22 septembre, l’ Allemagne ne voulait pas compliquer les négociations entre l’ iran et l’ IAEA, qui sont supposées continuer jusqu’à la fin de l’ année.

Avec l’apparent accord des cinq veto pour suivre cette approche, le régime (criminel) des mullah a reçu cependant une autre réponse : peut être une décisive. Mais, au moins, la proposition de Sarkozy aura eu la conséquence que cet appel de sanctions, avec un réel investissement, ne pourra pas être ignoré où trivialisé comme un souhait américain. L’initiative de Sarkozy a exposé les firmes et les pays, qui en dépit de tout, continuent de maintenir de « bonnes » relations avec l’ iran, et cela les a partiellement isolé des autres.

En s’opposant au passage à de nouvelles sanctions, l’ Allemagne s’est , en effet, départie du groupe d’ Ouest en allant faire cause commune avec la Chine et la Russie contre les pouvoirs de l’ Ouest. Il faut remarquer que en franchissant cette étape sans précédent, c’est venir en aide à un gouvernement qui nie l’ Holocaust et veut éliminer Israël. La question de savoir quel pays, où quelle société, a tiré les bonnes leçons de l’ histoire du nazisme ne peut être résolue par de jolis discours, mais seulement en pratique et actes concrets.
En ce qui concerne la politique des allemands et des autrichiens, vis à vis de l’ iran, la réponse est NON.
Les progrès de l’iran pour obtenir la capacité nucléaire jette l’ombre d’un potentiel Holocaust nucléaire au Moyen Orient. Berlin et Vienne sont sur les lignes de front : pas cependant avec ceux qui essaient de prévenir la catastrophe, mais plutôt avec ceux qui, quelques soient leurs « raisons », pavent le chemin pour ceci.

Matthias Kuentzel a fait sciences politiques à Hambourg et est l’auteur de « Bonn et la bombe : la politique allemande et l’option nucléaire ». Son dernier livre, « Djihad et la haîne des Juifs : islamisme et nazisme » est disponible sur Telos Press.

Cet article a été traduit en français par Laurent Beaufils.